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Laïcité et éducation populaire : quel(s) parti(s) pris de formation ?

Guillaume Dopus - La liberté ne s'use que si l'on ne s'en sert pas
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Le projet de Trajectoire Formation 2.0 donne une large place à la question de la laïcité, que ce soit dans les formations diplômantes ou continues. Ce fut le cas il y a quelques semaines à l’occasion d’une séance de deux jours avec des responsables d’associations d’éducation populaire.

Alors que nous étions en train d’échanger sur le bilan des deux journées, et après avoir présenté une courte vidéo synthétisant les travaux de Jean Baubérot sur « Les 7 laïcités françaises », l’une des participantes nous demande : « Mais, d’après vous, dans lequel de ces courants de pensée se situe Henri Pena-Ruiz ? ». La question est restée en suspens … Ni Guillaume Guthleben, avec qui je co-animais cette formation, ni moi n’avons finalement répondu.

Ma première réaction (que je n’ai pas formulée) fut : « je n’en sais pas suffisamment pour répondre et, finalement, quelle importance cela a t’il ? ». A la réflexion, la réponse aurait pu donner lieu à une autre question : « En quoi le positionnement du philosophe nous aiderait-il à résoudre les questions que nous avons abordées pendant ces deux jours et dont la plupart restent encore, dans les zones de gris de nos principes et règlements, des objets de travail … ? ».

Ce point de vue ne dénigre en rien de l’apport des intellectuels à la résolution des problèmes que nous rencontrons chaque jour dans notre pratique professionnelle. Il le situe sur un autre plan.

Les associations, fussent-elles d’éducation populaire, ne font pas la Loi, pas plus que les Eglises depuis 1905. Elles ont à l’appliquer, à l’expliquer, la faire comprendre … et à contribuer, en participant à la formation des citoyens, en prenant part elles-mêmes au dialogue civil, au processus démocratique qui permet de la contester et de la changer.  Or nous avons beaucoup parlé durant ces deux jours de la simple application de la Loi, au travers de situations de travail que les stagiaires ont eux-mêmes rapportées. En premier lieu donc, et c’est bien le moins dans un Etat de Droit et de la part d’organisations qui se réfèrent à l’ADN républicain : respecter les libertés fondamentales et transposer l’esprit de la Loi de 1905 dans ce qui fait la règle au sein d’une association : ses différents règlements, qui posent le cadre des relations avec les usagers, les salariés, les volontaires, les stagiaires, les bénévoles, les dirigeants. Faire en sorte que ces règles soient en conformité avec les Lois de la République est donc la première exigence. Au fil des formations, au cours desquelles nous recueillons les témoignages, les interrogations, force est de constater que ces cadres sont souvent suffisamment flous – et parfois contradictoires - pour laisser un peu seuls et désarmés celles et ceux qui doivent, au bout du compte, apporter des réponses aux situations du quotidien.

Mais cet objet de travail ne suffit pas, bien sûr. Une association d’éducation populaire a aussi vocation à susciter le débat, moins pour se forger une identité pour elle-même, que pour contribuer, avec tous les individus qui la constituent et la côtoient, au dialogue, à la confrontation des idées, dans un objectif d’émancipation. Travail colossal tant l’emprise des dogmes de toutes natures est puissante, et en progression dans une société pourtant sécularisée, et tant les récupérations rendent les mots et les idées méconnaissables. Le travail de Pena-Ruiz, de Baubérot et de bien d’autres a ici toute sa place, et le savoir-faire de l’éducation populaire sera de le rendre à la fois accessible et discutable dans une forme non descendante, que ce soit avec des enfants, des jeunes en formation BAFA, des usagers d’un centre social, les habitants engagés dans un Conseil citoyen, …

Alors, au bout du compte, tenir ces deux exigences sans parti pris dogmatique est, pour « TF », un réel parti pris de formation.

Jean Louis Davot

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