Vous avez dit Hampauhouèrequoi ??? - Alain Chanard

Guillaume Dopus - réunion publique
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Mardi 13 septembre, Maison des Métiers de la Ville. Le jour commence à décliner et le Conseil d'administration de Trajectoire Formation débute ses travaux. À l'ordre du jour : le choix des thématiques que l'association entend développer dans le cadre de la « deuxième génération » de son projet. Le débat s'enflamme autour d'un mot : empowerment. Que vient faire là cet anglicisme ? Pourquoi diable s'obliger à reprendre des expressions venues d'ailleurs ?... Certains répondent alors qu'il faut utiliser le vocabulaire de son époque et empowerment, justement, est bien dans l'air du temps. Dédaigner ce mot c'est prendre le risque de ne pas pouvoir contribuer aux débats qui le concernent.

 

D'autres administrateurs se mettent à décortiquer la bête... En son centre, « power », c'est à dire « pouvoir ». Le préfixe et le suffixe évoquent un processus : il s'agit de faire croître le pouvoir d'une personne ou d'un groupe. Le pouvoir en question ne relève pas des domaines de l'autorité ou de la domination, mais permet une meilleure maîtrise de son destin (individuel ou collectif) grâce à une plus grande capacité à se défendre, à s'organiser, à agir plus efficacement... L'empowerment est en quelque sorte une démarche d'éducation, non pas « descendante » (« du maître en direction de l'élève »), mais active et participative (les savoirs, savoir-être et savoir-faire sont construits conjointement).

 

Les Québécois ont proposé des équivalents français tels que renforcement de la capacité d’agir  ou du pouvoir d’agir, autonomisation, capacitation, capabilisation, potentialisation... Ces traductions sont moyennement élégantes et ont en outre tendance à gommer la dimension politique de l'empowerment. Il ne faudrait en effet pas oublier que cette notion est née, il y a un siècle, dans un contexte très revendicatif : l'organisation collective d'habitants des quartiers pauvres de Chicago visait à obtenir une meilleure reconnaissance et une meilleure qualité de vie. Ainsi, la dimension éducative de l'empowerment s'est dès son origine doublée d'une volonté d'émancipation des catégories dominées.

 

À ce stade, la nuit est tombée, mais tout devient lumineux pour les membres du CA : en fait, la meilleure traduction d'empowerment, c'est... éducation populaire !

 

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